La crise européenne

De la nécessité de relativiser mais d'avancer

Cet article a été écrit à l'occasion du 50ème anniversaire du Traité de Rome.

Nous avons tous été interpellés par le résultat du référendum français pour la ratification du projet de constitution européenne, sa confirmation indiscutable par le peuple hollandais et leur conséquence logique , la stagnation dans le processus de construction européenne.

Le peuple serait-il devenu ingrat au regard de tous les bienfaits apportés par la construction européenne depuis 50 ans ? Aurait-il oublié la paix et la prospérité que nous envient tant d’autres peuples ?

Les raisons du non sont multiples et plus ou moins légitimes.

En somme, on demandait de dire oui ou non à un texte difficilement compréhensible pour le commun des mortels, truffés de redites et de renvois.

Une constitution est généralement un texte assez concis qui énonce des grands principes. Ainsi la constitution belge est écrite sur une trentaine de pages, la constitution française sur une vingtaine et celle des Etats-Unis d’Amérique sur une quinzaine. Dans ses mémoires Winston Churchill prétendait qu’une constitution doit être courte. Or le texte proposé par Valéry Giscard d’Estaing contenait environ 300 pages et cela explique en partie son rejet par le peuple.

Ces événements malheureux mais salvateurs et probablement prometteurs de lendemains qui chantent ont traumatisé certains de nos hommes politiques qui ont été jusqu’à remettrent en cause la construction européenne. Ils nous rappellent également sa dimension démocratique.

L’impérieuse nécessité pour l’Europe de garder toutes ses chances dans la course au leadership mondial nous invitent tous, européens convaincus, à serrer les rangs. La compétition économique mondiale est de plus en plus vive et après des siècles de léthargie la Chine s’est éveillée pour notre plus grand bonheur si nous pouvons dialoguer avec elle mais pour notre plus grand malheur si nous sommes faibles et divisés.

Nous devons toutefois relativiser ces événements. La construction européenne a déjà connu de grandes crises. Ainsi, en août 1954, après l’échec de la CED, la communauté européenne de défense refusée par le Parlement français, les milieux européens étaient décontenancés et prédisaient la fin de l’Europe.Le salut vint de Belgique. Notre illustre Paul-Henri Spaak proposa en mai 1955 la création d’un marché commun … et le traité instituant la communauté économique européenne fut signé à Rome en mars 1957.

Aujourd’hui nous devons revenir aux nobles idéaux et méthodes des pères fondateurs. Il nous faut des idées simples et concrètes directement adressées aux peuples.

Au Rassemblement pour l’Europe, nous proposons deux idées pour relancer le processus de construction européenne : un défilé et un référendum européen.

L'Europe possède déjà un drapeau, un hymne, une devise et une monnaie. La suite logique serait d’organiser un défilé, une fête européenne. Un 14 ou un 21 juillet européen en quelque sorte. Ce défilé permettrait à l'Europe de se rapprocher du peuple, de combler son déficit de légitimité populaire, de se faire aimer de ses peuples en exaltant sa culture, son folklore et en présentant ses forces de sécurité avec discrétion.

Un deuxième moyen, une idée chère au Général de Gaulle, serait d’organiser dans tous les pays de l'Union européenne un référendum en proposant aux citoyens européens un texte fédérateur affirmant leur volonté de s’unir pour vivre leur avenir en commun dans la Paix et la Prospérité. Ce texte ne devrait énoncer que des grands principes de respect des droits humains, de liberté et d’égalité des chances afin qu’il soit acceptable pour tous les peuples, toutes les idéologies et tous les partis. Il pourrait servir d’événement fédérateur dans la marche vers une constitution européenne. L’initiative pourrait en être prise par le Président du Parlement européen.

Ainsi, à l’heure où la Belgique ne sait plus très bien vers quel avenir se diriger, l’Europe offre aux Belges et à tous les Européens une opportunité unique d’assurer leur paix et leur prospérité en relançant le processus de construction européenne. Ne manquons pas ce nouveau rendez-vous de l’Histoire.

Par Jean-Marie Bruneel du Rassemblement pour l’Europe

Novembre 2005