Le Général oeuvre à la construction européenne

La politique agricole commune, premier grand travail de De Gaulle

Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France, de l'Europe, du Monde

Le Général de Gaulle aura grandement contribué à la construction européenne en indiquant le cap à suivre pour l'avénement d'une Europe européenne « ayant au centre du monde son caractère et son organisation ».

Il revient au Pouvoir en juin 1958, à un moment crucial pour la construction européenne: le traité de Rome est entré en application le 1er janvier 1958 et le 20 mai, Maurice Faure, au nom du gouvernement, annonce que la France ne pourra pas l'appliquer en raison de ses difficultés économiques et financières liées à la guerre en Algérie.

D'autre part, l'Angleterre essaye de diluer ce qu'on appelait à l'époque le Marché commun dans une vaste zone de libre échange. Le 29 juin 1958, le premier Ministre Harold Mac Millan vient à Paris demander au Général de renoncer au Marché commun qu'il considère comme un blocus continental et, par la suite, il le supplie de le rejoindre dans la zone de libre échange.

Ainsi, en 1958, tout est possible. Le sort de la construction européenne est réellement entre les mains du Général. Que va-t-il faire ? Va-t-il désavouer le traité de Rome et se rapprocher de l'Angleterre ?

Il décide, seul, avec son ami Konrad Adenauer, « de renverser le cours de l'Histoire » et de poser les rails que le train européen suit toujours actuellement.

Dès son retour au pouvoir il accepte le Marché commun et oeuvre à sa réalisation. Il propose, en décembre 1958, un programme de redressement, le plan Pinay-Rueff, qui va permettre à la France de respecter le Traité de Rome au-delà des espérances les plus folles. Le traité de Rome prévoyait une diminution des droits de douane de 10 % par an et, dès mai 1960, à l'initiative de la France et de la Belgique, des réductions tarifaires anticipées et supplémentaires de 10 % interviennent. L'union douanière sera ainsi réalisée plus vite que prévu par le calendrier initial. Elle sera achevée le 1er juillet 1968 avec dix-huit mois d'avance.

Toutefois, c'est en oeuvrant à la politique agricole commune que le Général réalise son premier grand travail européen. La PAC est vraiment le fruit de son labeur.

Marie-Thérèse Bitsch ne s'y trompe pas en écrivant dans son Histoire de la Construction européenne aux éditions complexe que « la naissance de la politique agricole commune est généralement considérée comme le succès le plus remarquable de cette première phase et comme le symbole même de l'intégration » , que « c'est la France qui est la plus favorable à la mise en oeuvre de la PAC » et que le Général « veut mettre la PAC en route le plus rapidement possible ».

Et de conclure « Quant à De Gaulle, cette PAC ,obtenue à l'arraché, peut le faire apparaître sur le moment comme le meilleur artisan de l'intégration. Certes, il l'a imposé dans l'intérêt de la France mais il n'en reste pas moins qu'il a contribué à faire naître une première politique commune ».

Au cours de cette genèse de la construction européenne, la politique agricole commune servira de ciment fédérateur. Certes, de l'avis de certains on peut sans doute la relativiser aujourd'hui mais il n'en est pas moins vrai que l'agriculture reste notre mère nourricière et que son importance ne fera que croître avec l'épuisement des énergies fossiles.

Jean-Marie BRUNEEL
LE RASSEMBLEMENT POUR L'EUROPE
La Bruyère, 18 juin 2007

Juin 2007