La fin de la Belgique ?

(non publié)

« Au fond, mon seul rival international, c’est Tintin »

Le général De Gaulle, d’après A. Malraux

Après plus de 150 ans de stabilité la Belgique s’est vue plongée dans une tourmente politique et judiciaire sans précédent ; éclatement de l’Etat central par la création des Régions et des Communautés, revendication séparatiste de nombreux néerlandophones, querelles incessantes entre les Flamands et les Wallons, tueries du Brabant wallon, assassinat d’André Cools, disparition de Julie et Mélissa, …

Toutes ces affaires nous ont fortement interpellés et elles ont également sapés la confiance de nos concitoyens en nos institutions. D’après certaines enquêtes ils n’auraient plus confiance qu’en leur médecin de famille et aux professeurs.

Le glas de la Belgique aurait-il sonné ?

Mais, au fait, d’où vient la Belgique et où va-t-elle ?

Les Belges entrent dans l’histoire avec Jules César qui les décrit dans son ouvrage La guerre des Gaules : « La Gaule , dans son ensemble, se divise en trois parties : l’une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains, la troisième par ceux, qui dans leur langue, s’appellent Celtes, et que nous appelons Gaulois. Tous ces peuples n’ont en commun ni langue, ni institutions, ni lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine. De tous, les plus courageux sont les Belges, qui du fait qu’ils sont les plus distants des mœurs civilisées et policées de la Province, que la pénétration commerciale chez eux étant minime et rare, ne leur apporte pas de quoi efféminer leur courage, et qu’ils sont les plus proches des Germains, qui vivent de l’autre côté du Rhin, et avec qui, ils sont en état continu d’hostilités. C’est pour la même raison que les Helvètes aussi l’emportent en valeur sur les autres Gaulois : Des combats quasi quotidiens les mettent aux prises avec les Germains, qu’ils leur interdisent le franchissement de leur frontières ou qu’ils aillent eux- mêmes porter la guerre chez eux. La partie de la Gaule qu’occupent – nous l’avons dit les Gaulois, commence au Rhône, elle est bordée par la Garonne, l’Océan et la frontière avec le territoire belge, et elle touche aussi, du côté des Séquanes et des Helvètes, au Rhin ; elle est orientée au Nord. Le pays des Belges commence où finit la Gaule ; il s’étend jusqu’au cours inférieur du Rhin ; il regarde le Nord-Est. L’Aquitaine s’étend de la Garonne aux Pyrénées et à la partie de l’Océan qui baigne l’Espagne ; elle regarde le Nord-Ouest »
Extrait de La Guerre des Gaules, La guerre civile, César par Paul M.Martin aux éditions Ellipses

Ainsi, à l’origine, la Belgique, soit le territoire et l’organisation des Belges s’étendait jusqu’au Paris actuel et connaîtra de nombreuses vicissitudes avant de se fixer en 1830. Un enseignement remarquable apparaît à l’examen de ces multiples événements de l’histoire des Belges : c’est son caractère international.

Une frontière linguistique s’installa dès le 5éme siècle affirmant ainsi la Belgique comme carrefour entre le monde latin et germanique. Par la suite, la Belgique sera successivement gérée par les Francs christianisés et latinisés, les Bourguignons (1384-1482 Philippe le Bon, Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne), les Espagnols (1555-1713 Philippe II, le duc d’Albe, Albert et Isabelle), les Autrichiens (1713- 1790 Marie-Thérèse, Joseph II), les Français (1794-1815) et les Hollandais (1815-1830).

Cette prestigieuse histoire justifie pleinement la dimension internationale de la Belgique : siège de nombreuses institutions et multinationales elle affirme sa vocation planétaire en devenant la capitale de l’Europe.

Ainsi si l’avenir des Belges semblent pleinement assuré il n’en est pas de même de celui de la Belgique depuis que les Régions revendiquent leur légitime droit a plus d’autonomie. Le général en grand visionnaire avait déjà clairement perçu ces possibles évolutions et envisagé le rattachement de la Wallonie à la France.

« Je sais bien qu’après la libération, il aurait suffit que je claque des doigts pour que la Wallonie demande son rattachement à la France. Mais justement j’estimais qu’il ne m’appartenait pas de claquer des doigts. ..J’avais reçu une délégation de Wallons, bien décidée à préparer le rattachement. Elle m’avait expliqué que les Flamands étaient de plus en plus arrogants et finiraient par faire d’eux-mêmes sécession. C’est peut-être comme ça que ça finira. »
Entretien du général de Gaulle avec Alain Peyrefitte, 29 juillet 1967
Dans Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, De Fallois-Fayard

Selon Claude de Groulart, de Gaulle aurait répondu à Robert Liénard, dans un entretien privé : « Bien entendu si, un jour, une autorité politique représentative de la Wallonie s’adressait officiellement à la France, ce jour-là, de grand cœur, nous répondrions favorablement à une demande qui aurait toutes les apparences de la légitimité »
De Gaulle : vous avez dit Belgique, Lausanne, Pierre Marcel Fabre

Au Rassemblement pour l’Europe, nous sommes catégoriquement opposés au rattachement de la Wallonie à la France. Nous pensons que le sens de l’Histoire est autre : les Belges n’y sont-ils pas entrés avant les Francs ? Clovis n’a-t-il pas eu Tournai pour capitale avant Paris ?
Charlemagne n’a-t-il pas eu Pépin de Landen comme ancêtre ?
La Belgique n’a pas à capituler devant la France. Alors quel avenir ?

Cet avenir nous l’avons prédit dès la constitution du Rassemblement pour l’Europe en 2001 comme le proclame sa charte fondatrice :

Notre devise est résolument tournée vers le futur et teintée d’optimisme : Au sommet, dans la Paix. Ce futur nous l’appréhendons sur base du passé et dans une optique résolument européenne. A l’aube du XXIe siècle, l’avenir est dans un état supranational et dans un monde voué à la mondialisation la Belgique doit continuer à s’effacer en douceur. Nos amis Flamands veulent plus d ’autonomie . Ils ont raison, donnons-la leur. Les Wallons veulent être maîtres chez eux . Ils ont raison, permettons-le. La solution : un pouvoir Européen complétant petit à petit le pouvoir belge et une affirmation des régions européennes afin de sauvegarder notre identité culturelle, nos racines et notre authenticité.

Les événements semblent nous donner raison. Ainsi ne répondant plus à un pouvoir politique comme s’est déjà largement le cas la Belgique redeviendrait un concept auréolé d’un flou artistique, comme à son origine au temps de Jules César. Quant à la famille royale nous ne voyons aucun inconvénient à lui réserver un rôle protocolaire . ils auront tant mérité de l’histoire de la Belgique.

La force de la Vérité

Jean-Marie BRUNEEL
Président du Rassemblement pour l’Europe
La Bruyère, été 2006

Juillet 2006