LE GENERAL DE GAULLE GÈRE LE MONDE

Au sommet, dans la Paix

Contrairement au président Sarkozy qui avait pataugé lors de ses premiers pas en politique internationale pour finalement prendre une posture gaullienne avec la Lybie, le président Hollande a d'emblée emprunté une voie qui aurait plu au général en se désengageant de la guerre en Afghanistan et en soutenant le peuple syrien.

La France continuera ainsi à participer à la marche du monde.

Ainsi en était-il lors du retour du général au pouvoir en 1958.

D'emblée le général emprunte une nouvelle voie pour la France et l'Europe en prenant ses distances vis à vis de l'Amérique et de son bras militaire, l'OTAN, et en se rapprochant de la Russie.

«Il n'advenait donc jamais qu'un gouvernement appartenant à l'OTAN prît une attitude divergente de celle de la Maison-Blanche. Si l'application à l'Europe d'un régime d'intégration trouvent tant de faveur chez nos partenaires, c'est notamment pour cette raison qu'un système apatride, ne pouvant avoir en propre, ni défense, ni politique, s'en remettrait forcément à celles que dictent l'Amérique....... Inversément si mon projet d'Europe européenne n'avait pas pu aboutir, c'est parce qu'il aurait conduit à affranchir l'Ancien Monde et que celui-ci n'osait pas s'y risquer.
Or, en 1958, j'estime que la situation générale a changé par rapport à ce qu'elle était lors de la création de l'O.T.A.N. Il semble maintenant assez invraisemblable que, du côté soviétique, on entreprenne de marcher à la conquête de l'Ouest.....

Mon dessein consiste donc à dégager la France, non pas de l'alliance atlantique que j'entends maintenir à titre d'ultime précaution, mais de l'intégration réalisée par l'OTAN sous commandement américain, à nouer avec chacun des Etats du bloc de l'Est et, d'abord, avec la Russie des relations visant, à la détente, puis à l'entente et à la coopération, à en faire autant, le moment venu, avec la Chine; enfin, à nous doter d'une puissance nucléaire telle que nul ne puisse nous attaquer sans risque d'effroyables blessures.»

Toutefois, impliqué dans la logique de paix de la construction européenne, le général soutient fermement le désarmement généralisé.

«Enfin et surtout, c'est ainsi que, dans le débat international en cours sur le désarmement, nous soutenons notre thèse à nous. Celle-ci ne tend à rien de moins qu'à interdire la fabrication, la détention et l'emploi de tout moyen de destruction atomique.»

Ensuite le général oeuvre à l'avénement de la paix universelle en rencontrant les Puissants du Monde.

Au président Eisenhower, il expose: «A mon sens les rapports entre l'Ouest et l'Est ne doivent pas être traités sous le seul angle de la rivalité des idéologies et des régimes.... car on ne ferait ainsi que perpétuer les blocs, dont la seule existence est exclusive d'une véritable paix. Au contraire de nation européenne à nation européenne, un rapprochement, effectué à partir des faits accomplis et n'ayant, pour commencer, que des objets économiques, culturels, techniques, touristiques offrirait des chances de briser pan par pan le rideau de fer, de rendre peu à peu injustifiable la frénésie des armements, même de conduire pas à pas les totalitaires à relâcher leur rigueur. La France, qui n'a rien pris et rien à prendre au peuple russe ni à aucun de ceux qu'il s'est adjoints, qui est connu d'eux depuis toujours et vers qui les porte, au long des siècles, un attrait exceptionnel, peut et doit donner l'exemple.

Au premier ministre Mac Milan il présente la situation de l'Angleterre:

«Deux voies lui sont accessibles. L'une est l'acceptation définitive de la suprématie américaine...... L'autre la mêne vers l'Europe qu'elle a toujours, jusqu'alors, travaillé à diviser, mais dont aujourd'hui l'union, si elle y participait en acceptant certaines entraves pourrait assurer un rôle éminent à sa valeur et à son expérience»

Et le premier ministre britannique de lui confesser: « Chez nous, beaucoup de gens, en particulier dans la jeunesse, sentent qu'il nous faut faire une autre Histoire....Les guerres mondiales nous ont montré à quel point nous sommes solidaires…..Il faut rétablir l'équilibre....Rassemblons l'Europe, mon cher ami! Nous sommes trois hommes qui pouvons le faire ensemble: vous, moi et Adenauer. Au cas où pour le temps où tous les trois nous nous trouvons en vie et au pouvoir, nous laisserions passé cette occasion historique, Dieu sait si, quand et à qui elle se représentera jamais!»

Le 23 mars 1960 le général reçoit pour la première fois en France le chef du gouvernement soviétique Khrouchtchev

Les échanges sont cordiaux et« il repart le 3 avril, cordial et guilleret, me laissant, je dois le dire, impressionné par la force et le ressort de sa personnalité, disposé à croire, qu'en dépit de tout, la paix mondiale a des chances, l'Europe de l'avenir, et pensant que quelque chose d'important s'est produit, en profondeur, dans les relations séculaires de la Russie et de la France»

Enfin, il organise, à Paris, le 15 mai 1960, un sommet réunissant les leaders des Etats Unis d'Amérique, de l'Union soviétique, du Royaume Uni et de la France. Ce sommet peut être considéré comme la genèse des G6, G7, G8, G20 et de la gouvernance mondiale.

Dame Fortune (ou...) ne bénira pas cette rencontre à cause d'un malencontreux avion espion américain et, suite également à l'échec de la commission Fouchet, le général en sera dépité: «désormais, les choses resteront en suspens avant qu'on sache si l'offre faite par la France d'instituer la coopération de l'Ancien Monde déchiré aura été, pour l'Histoire, «quelque armada sombrée à l'éternel mensonge«, ou bien, pour l'avenir, un bel espoir élevé sur les flots ?»

L'évolution de l'Europe allant vers de plus en plus d'intégration et, vivant une époque comparable à la fondation de l'empire romain, on peut considérer que la main invisible du général continuera à influencer la marche du Monde pour les années et sans doute les siècles à venir.

BRUNEEL Jean-Marie
La Bruyère, juillet 2012
Le rassemblement pour l'Europe

Juillet 2012