Cinq bonnes raisons pour coopérer avec la Russie de Vladimir Poutine

Et ce fut la Berezina et Stalingrad

L'Europe commence à s'affirmer politiquement au sein de la gouvernance mondiale avec la gestion des dettes souveraines et son prudent soutien au printemps arabe. Dans ce nouveau monde multipolaire où de nouvelles puissances aux cultures millénaires émergent justement la question se pose de savoir vers quel partenaire privilégié l'Europe doit se diriger. Sa coopération avec les Amériques, ses enfants, est évidente et espérons-le éternelle. Mais au-delà. Dans un précédent article nous avons montré comment le Général de Gaulle souhaitait se rapprocher de l'Union soviétique pour jouer un rôle « d'équilibre de la paix »* entre les deux blocs concurrents à l'époque du monde bipolaire et construire « une Europe de l'Atlantique à l'Oural ».

Aujourd'hui, les raisons de cette coopération sont plus que jamais d'actualité.

Il y a tout d'abord la géographie et l'histoire. La Russie est aux confins de l'Europe et de l'Asie mais son histoire l'ancre culturellement à l'Europe. Ainsi c'est le baptême de Vladimir en 989 et son mariage avec la princesse byzantine Anne qui fit entrer la Russie dans le concert des Etats civilisés et chrétiens. Plus tard, au 16ème siècle, les clercs de l'Eglise russe vont pousser les princes de Moscou à affirmer leur légitimité dynastique romaine et leur attachement à l'empire byzantin dans l' affirmation de Moscou troisième Rome. Cette recherche d'identité aboutit à la naissance des tsars, issu du terme latin caesar (kaiser en allemand). La Russie a par deux fois, avec l'Angleterre, empêché qu'un dictateur impose son hégémonie par les armes à l'ensemble du continent européen.

Au-delà de l'appartenance à la même race la participation au même élan religieux semble essentielle. La maturité politique des dirigeants russes qui ont intégré la dimension spirituelle de la gouvernance sera sans doute déterminante pour l'avenir car, contrairement aux dirigeants matérialistes de l'ère soviétique, les nouveaux dirigeants prennent en considération la dimension religieuse de la gouvernance. L'influence du Pape Jean-Paul II sur leur histoire a participé à cette prise en considération.

La nouvelle géopolitique plaide également pour ce rapprochement. Ne pouvant plus assumer la gouvernance totale du Monde les Etats-Unis d'Amérique vont probablement se tourner de plus en plus vers le Pacifique en laissant de plus en plus d'initiatives à l'Europe en Afrique et dans le bassin méditerranéen . Ce nouveau rôle ne pourra correctement être assumé par l'Europe sans le soutien de la Russie comme le démontrent les derniers conflits. Une certaine Europe était solidaire de la Russie lors de la guerre en Irak. L'Europe a pu  aider le peuple lybien grâce au consentement de la Russie et le conflit en Syrie ne peut malheureusement être résolu suite au manque de dialogue entre la Russie et l'Europe.

La maturité et la stabilité politique des dirigeants de la Russie plaident pour la coopération. Ces dirigeants ont du faire face à des bouleversements extraordinairement périlleux et les ont surmontés au regard de la bouleversante et dramatique histoire de ce vingtième siècle en Russie. Aujourd'hui leurs regards se dirigent vers d'autres horizons et leur préoccupation est de plus en plus d'entrer dans l'Histoire par la grande porte. Les déclarations récentes des plus hauts responsables plaident ainsi pour une Russie soft power.

Enfin, les déclarations récentes de Vladimir Poutine le 25 octobre lors de la rencontre avec les membres du Club Valdai et à propos de la crise de l'euro nous conforte dans cette volonté de coopération «  nous sommes disposés à aider les gouvernements européens s'ils se décident pour une politique raisonnable ».

En se rappelant que Vladimir Poutine, impressionné par la maturité politique des Belges lors de la très longue crise gouvernementale de 2010-2011, aurait déclaré qu'il appréciait les Belges** on peut conclure que l'heure est à la coopération entre la Russie et l'Europe.

(*) l'expression «  équilibre de la paix » est récurrente dans les discours du Général depuis celui de Lille le 29 juin 1947
(**) Nous considérons le terme belge comme Jules César le définissait

BRUNEEL Jean-Marie
La Bruyère, mai 2013
Le rassemblement pour l'Europe

Mai 2013