Angleterre, quo vadis, ... ?

Dieu et mon droit

Honni soit qui mal y pense, notre propos n'est pas d'indiquer le chemin à suivre par les Anglais mais de se demander si le chemin de l'Europe emprunté par la France de François Hollande après le remarquable tournant pris lors de la conférence de presse du 14 janvier 2014 n'est pas de ce fait plus compatible avec les intérêts des Britanniques.

Nos amis britanniques entrent dans l'Histoire en même temps que les Belges avec Jules César : « la partie maritime de la Bretagne est peuplé par des tribus venues de Belgique .... l'île est immensément peuplée, les maisons y sont abondantes, presque semblables à celles des Gaulois ..... les moeurs ne différent pas beaucoup de celles des Gaulois » Jules César De Bello Gallico

César ne conquit pas la Bretagne et c'est l'empereur Claude qui créera en 43 la province Britannia qui ne s'étendra pas au-delà du mur Hadrien. Ainsi, dès son origine, la romanisation des îles britanniques est limitée laissant une grande importance à la culture locale et germanique. Cette remarquable prédisposition à la «  balance of power » culturelle caractérisera toute l'Histoire de la «  Britanica ».

Ainsi, après la chute de l'empire romain ,des tribus germaniques, dont les Angles et les Saxons, envahissent le territoire britannique. Les Latins reviendront en force en 1066 avec Guillaume le Conquérant et le français sera parlé par la Cour jusqu'à la fin du Moyen-Age.

La Grande Bretagne sera également une «  balance of power » en politique. Le Général en était bien conscient « elle n'a jamais admis, ni de voir le Continent s'unir, ni de se confondre avec lui. On peut même dire d'une certaine façon que, depuis huit siècles, toute l'histoire de l'Europe est là ». Mémoires d'espoir, L'Europe

Ainsi la défaite de Philippe II et de son invincible armada, la défaite de Napoléon à Waterloo et celle d'Hitler lors de la bataille d'Angleterre. On comprend mieux les réticences du général à l'adhésion de la Grande- Bretagne à l'Europe.

Toutefois, l'entente ou la discorde entre la France et l'Angleterre ont des conséquences considérables sur la marche de l'Humanité.

Ainsi, la guerre de 100 ans, empêcha les princes d'Occident de poursuivre les croisades et sera favorable à la montée en puissance des Ottomans et à la chute de l'empire romain d'Orient mais l'entente des Anglais et des Français fut bénéfique à la victoire du Monde libre lors des deux guerres mondiales.

Les Britanniques ont été les précurseurs de progrès extraordinaires dans l'histoire de l'humanité. Ainsi, ils seront la première grande puissance dirigée par une femme, la reine Victoria et la première grande puissance à développer les libertés individuelles et la démocratie parlementaire (la magna carta) dans la stabilité d'une royauté devenue exemplaire.

Nous avons vu dans un article précédent comment le général de Gaulle avait réussi , étant en position de force, à faire de l'Allemagne un fidèle allié pacifiste. La relation avec l'Angleterre est toute autre : l'Angleterre a permis la victoire avec ses alliés américains et personne ne perçoit encore le relatif déclin de sa puissance. Il faudra attendre la crise du canal de Suez en 1956 pour s'en rendre compte.

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale le général souhaite fonder l'Europe avec les Anglais « Aujourd'hui, l'entente profonde de Paris et de Londres .... notamment et justement dans .... les questions allemandes ... est le fondement indispensable à toute construction européenne réellement valable et efficace. » Allocution prononcée devant les membres de l 'Association de la presse anglo-américaine de Paris, 9 juillet 1947.

Ensuite, revenu au pouvoir, il analysera clairement la situation : « En fait, on assiste là au cinquième acte d'une pièce au cours de laquelle les comportements très divers de l'Angleterre à l'égard du Marché commun s'étaient succédés sans paraître se ressembler. Le premier acte avait été le refus de Londres de participer à l'élaboration du Traité de Rome, dont, outre-Manche, on pensait qu' il n'aboutirait à rien. Le deuxième acte manifesta l'hostilité foncière de l'Angleterre à l'égard de la construction européenne, dès que celle-ci parut se dessiner ...... Le troisième acte, ce fut une négociation menée à Bruxelles ... destinée à plier la Communauté aux conditions de l'Angleterre et terminée quand la France fit observer à ses partenaires qu'il s'agissait non pas de cela mais précisément de l'inverse ....... » Conférence de presse au palais de l'Elysée du 27 novembre 1967.

Alors qu'il avait parfaitement maîtrisé l'Allemagne, le Général devait avouer qu'il ne savait pas gérer l'Angleterre confessant qu'il ignorait le chemin qu'elle prendrait. « Ainsi Spaak, sans la moindre gêne, épouse t-il simultanément les deux thèses, exclusives l'une de l'autre, des partisans de l'hégémonie anglo-saxonne et des champions du supranational. Désormais, les choses resteront en suspens avant qu'on sache si l'offre faite par la France d'instituer la coopération de l'Ancien Monde déchiré aura été, pour l'Histoire, « quelque armada sombrée à l'éternel mensonge » ou bien, pour l'avenir, un bel espoir élevé sur les flots ? » Mémoires d'espoir L'Europe.

C'est Dieu et mon droit et honni soit qui mal y pense mais n'oublions jamais Coudenhove Kalerghi : «  never against England, if necessary without England but if possible with England ».

J-M BRUNEEL
Le Rassemblement pour l'Europe
La Bruyère, février 2014

Février 2014