En marche sur le chemin de Vérité du général de Gaulle

Tu ne mentiras pas

Interrogé par un journaliste à propos des mœurs au sommet du pouvoir, l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing répondit: «Tout le monde ment. Seul le Général de Gaulle ne mentait pas». Vrai ou faux?

La sacralisation actuelle du général penche à croire que cela devait être vrai et la conclusion de son chapitre sur l’Europe dans ses Mémoires d’espoir prouve qu’il accordait une grande importance au respect du commandement de Moïse:

«Désormais, les choses resteront en suspens avant qu’on sache si l’offre faite par la France d’instituer la coopération de l’Ancien Monde déchiré aura été, pour l’Histoire, «quelque armada sombrée à l’éternel mensonge», ou bien, un bel espoir élevé sur les flots?»

Ainsi, face à l’Histoire, le visionnaire doute: l’Europe sombrera-t-elle comme l’armada avec l’éternel mensonge ou bien sera-t-elle un bel espoir?

C’est notre devoir, à nous Européens convaincus qui avons eu le bonheur incroyable de vivre dans la paix, par reconnaissance pour nos libérateurs et les pères fondateurs, de faire de l’Europe un sens et une espérance en poursuivant la voie tracée par le général.

Ce 17 mai 2020, à Dizy et à Ville-aux-Bois-lès-Dizy, le président Macron emprunte ce chemin et témoigne ainsi de son profond respect pour le plus illustre des Français. Il vient rendre hommage à ces héros qui ont sacrifié leur vie pour s’opposer à la barbarie nazie et célébrer cet esprit français inspiré par les droits de l’homme et les valeurs de la grande Révolution. Quel illustre personnage peut-il mieux incarner l’Humanisme que ce géant de l’Histoire?

C’est aux alentours de Ville-aux-Bois-lès-Dizy sur l’axe Paris-Bruxelles, entre les Ardennes et l’Aisne, que le parcours de de Gaulle va prendre la direction des sommets avec la bataille de Montcornet. Envoyé par l’état major pour freiner l’avancée des chars de Guderian il arrive le 15 mai 1940 à Bruyères où il rédige son premier ordre d’opérations de la 4e DCR de chars.

De Gaulle ne fut pas victorieux sur le terrain mais en opposant une forte résistance qui freina l’ennemi il galvanisa un certain honneur français et le détermina à poursuivre à tout prix le combat. S’ensuivront sa promotion comme général le 25 mai, son entrée au gouvernement le 6 juin, ses rencontres avec Churchill à Londres et en France, son départ pour Londres le 17 juin quand Albert Lebrun et Paul Reynaud capitulèrent face à Pétain et Weygand et … l’appel du 18 juin.

Ce chemin de de Gaulle vers les sommets est jalonné de hasards interpellants. Ces fameux hasards, signes de Dieu pour les croyants, mystères pour les agnostiques et stupidités pour les athées accompagnent les personnages les plus illustres: les oiseaux dans le ciel des empereurs romains, le soleil d’Austerlitz et la pluie de Waterloo, la maladie d’Alexandre le Grand et l’assassinat de César.

Ainsi, c’est déjà en territoire des Ardennes et Aisne que le lieutenant puis capitaine De Gaulle débute sa carrière. Après sa naissance à Lille et une préparation à Paris, Antoing, Saint Cyr et Arras, de Gaulle entame sa carrière active dans les Ardennes, dans la Région de Fumay «placée sur un axe qui la désigne pour un grand développement» comme il le rappela lors de sa visite en avril 1963. Blessé sur le pont de Dinant le jour de la fête de Marie et opéré à l’hôpital Saint-Joseph de Paris il reprend du service à Pontavert en face de Ville-aux-Bois-lès-Pontavert dans l’Aisne.

Les chars, très déterminants pour sa carrière sont présents à la ferme du Choléra près de Pontavert où le capitaine de Gaulle a combattu et où eut lieu le premier combat de chars français le 16 septembre 1917. Ces chars avaient été décisifs dans la victoire des alliés en 1918 comme ils le seront dans celle des Allemands en 1940. Riche de ses observations, de Gaulle se fit l’apôtre de la guerre mécanique dans ses ouvrages et ses conseils inspirèrent sans doute Guderian, principal concepteur du blitzkrieg.

Le général de Gaulle aura été, lors des deux conflits mondiaux, un combattant courageux, légitime suite aux agressions du territoire national et béni par la victoire. C’est cet illustre personnage qui pourra se permettre de nous indiquer le chemin à suivre pour construire la nouvelle Europe lors de son retour au pouvoir en mai 1958. L’homme de guerre devient homme consacré à la paix.

Lors de son retour il aurait pu renier le Traité de Rome signé en mars 1957 et largement inspiré par Jean Monnet. Il en avait l’autorité et c’est ce que lui demanda de faire le premier ministre britannique Macmillan dès juin 1958. Au contraire, il insuffla une grande énergie qui permit un salutaire démarrage à la construction européenne.

Le chemin à suivre sera principalement décidé lors de la rencontre entre le chancelier Adenauer et le général de Gaulle en septembre 1958 à Colombey-les-Deux-Eglises.

Le général souhaite une politique agricole commune non prévue dans le traité de Rome, l’interdiction de l’arme nucléaire pour l’Allemagne et l’abandon par l’Allemagne de sa collaboration avec l’Angleterre. Illuminé par sa grande connaissance et analyse de l’Histoire, il savait que pour arriver à une paix perpétuelle en Europe il fallait associer les Germains et les Latins dans un projet commun car leur mésentente avait été source de conflit depuis les débuts de l’histoire européenne avec César et Auguste. Il savait également que les Anglais devaient être écartés tant qu’ils préféreraient le grand large cher à Winston Churchill.

Ainsi, le visionnaire, certains parlent de prophète, trace la voie que poursuit aujourd’hui la construction européenne avec le couple franco-allemand et le départ du Royaume-Uni. De plus l’objectif de paix a été atteint pendant plus de 70 ans. Ce succès est certainement du à cette politique de Vérité du général de Gaulle: on se fixe comme but la Paix et on indique la méthode pour y parvenir. De Gaulle aura ainsi donné une dimension humaniste et politique à l’Europe en corrigeant quelque peu l’inspiration industrielle et financière de Jean Monnet.
On peut le considérer comme le père de l’Europe et Monnet comme son grand-père.

Il nous aura également indiquer le but ultime à atteindre: la Pax Universalis, au sommet dans la Paix, et le moyen: les G.

Toutefois, au crépuscule de sa vie, que le Hasard lui ôta de façon énigmatique lorsqu’il écrivait ses trois derniers mots de ses Mémoires: «perte dans l’élection», le Général fut envahi par un doute: l’Europe allait-elle perdre face à l’éternel mensonge?

En effet, si le Général avait choisi un chemin de Vérité pour sa politique d’autres chefs d’État et hautes autorités choisissent trop souvent un chemin de mensonge. Ainsi Georges Bush déclara une guerre illégitime à l’Irak suite à des déclarations mensongères sur la possession d’armes de destruction massive, le Vatican cacha pendant des années la pédophilie en son sein, le gouvernement français mentit sur l’utilisation des masques dans la crise du coronavirus…

A ce jour l’Union européenne est la seule puissance planétaire à pratiquer la paix puisqu’elle n’a pas d’armée et de services secrets aux coups tordus, et de ce fait à ne pas mentir.

Au Rassemblement pour l’Europe nous avons fait le serment de toujours respecter cet art gaulliste de faire de la politique en nous fixant un objectif avec notre ami Antonio Guterres: la Pax Universalis et une méthode, la Vérité. En bref, nous faisons le serment d’être honnêtes.

J-M Bruneel

La Bruyère

Octobre 2020