ARRAS, FUMAY, PONTAVERT, VERDUN; là où les voies de PETAIN et de DE GAULLE se sont croisées et décroisées

Les voies du Seigneur sont impénétrables

L’Histoire de l’Humanité débute avec les écritures des comptables et est guidée par de grands événements voulus par Dieu sait qui et les hommes.

Le berceau des grandes civilisations qui inventèrent l’écriture et furent les premiers bâtisseurs se trouve en Mésopotamie, en Égypte, puis en Inde et en Chine.

L’Europe est sortie des ténèbres à l’époque où Cadmos est venu chercher sa sœur Europe et y a introduit l’alphabet phénicien. Les lumières des civilisations mésopotamienne et égyptienne vinrent éclairer notre continent.

Après la bataille d’Actium gagnée par Auguste, le flambeau du Monde passa du sud au nord de la Méditerranée et tous les chemins menèrent à Rome. A cette même époque Jésus, inspiré par Abraham et Moïse, se préparait à donner ses enseignements pour rejoindre le royaume des Cieux.

Cette grandiose époque de l’empire romain avec sa Pax Romana allait s’éteindre avec les invasions germaniques et ainsi ouvrir la voie au prophète Mahomet au sud de la Méditerranée. La parole du Christ allait toutefois continuer à guider l’Europe depuis Rome et Constantinople.

Après des siècles d’obscurantisme, la Révolution française allait donner au peuple le pouvoir que les rois pensaient recevoir de Dieu en dévoyant les paroles des prophètes.

La première et la deuxième guerres mondiales furent les deux plus grands événements du 20e siècle, prélude à l’Empire européen. Ces deux guerres mondiales ont bouleversé l’Europe et le monde: des victimes par millions, la réorganisation des États avec la disparition des empires, la fin de l’hégémonie européenne sur le monde et la création de nouvelles institutions dont l’ONU et les G, la décolonisation, la guerre froide, la naissance de l’Union européenne. Ces deux guerres, dont la genèse remonte à la défaite de l’empereur Auguste à Teutebourg, ont opposé l’Allemagne et la France ainsi que leurs alliés. La France a gagné face à l’Allemagne et a été guidée par deux illustres militaires: Pétain et de Gaulle. Leur rencontre et leurs premières actions au service de la France se déroulent depuis Arras jusqu’à Verdun. Leur relation a été conforme à celle de nombreuses histoires d’amour: une rencontre, une longue lune de miel, des disputes et une rupture.

La rencontre a lieu en octobre 1912 à la caserne Schramm à Arras où le sous-lieutenant de Gaulle a choisi comme arme l’infanterie. Il entre au 33e régiment commandé par le lieutenant-colonel Pétain dont c’est la dernière affectation avant sa retraite prévue en 1914. Au début août 1914 l’Allemagne envahit la Belgique et les armées de Pétain et de de Gaulle vont au secours de la Belgique.

La grandiose destinée de ces deux géants de l’Histoire est en marche.

Pétain et de Gaulle quittent Saint-Omer et Arras et se rendent en train jusque Hirson d’où ils se dirigent vers le front en Belgique. Leur chemin vont se séparer pour entrer en Belgique.

Arrivé à Fumay, de Gaulle se rend à Haybes au Vivi (M.Pater) où il restera trois jours en repos. Quelques soldats de son régiment iront en avant-poste jusqu’à l’auberge du Cousin à Hargnies. Les troupes françaises sont accueillies avec enthousiasme et reçues comme des libérateurs par les Belges.  «En passant la frontière à Mazée, on présente les armes à un drapeau belge de la douane et l’on crie par section «Vive la Belgique»» (De Gaulle, Lettres notes et carnets chez Plon). Depuis Fumay, Pétain et ses hommes entrent en Belgique par Oignies où les Belges les accueillent avec générosité en dressant en bord de route des tables garnies de bière, de vin, de tartines, de pâtisseries, …

Le 15 août, fête de Marie, de Gaulle arrive au front à Dinant où il sera blessé au genou sur le pont qui mène à la citadelle. Il est transporté chez sa sœur à Charleroi et ensuite opéré à l’hôpital Saint- Joseph à Paris.

Quant à Pétain, il se dirige vers Charleroi mais doit battre en retraite. Il repasse la frontière en passant par Oignies puis Gué d’Hossus car les Allemands occupent Fumay.

Les voies de Pétain et de de Gaulle vont à nouveau se croiser à Pontavert.

Le colonel Pétain arrive à Pontavert le 1er septembre 1914 où les troupes prennent un long repos. Nommé général de brigade, il prend le commandement de la 6e division d’infanterie. C’est le début de sa fulgurante carrière qui le mènera au maréchalat de France vainqueur de la 1er guerre mondiale et chef de la France de Vichy. Le commandement de sa 4ème brigade va ensuite s’installer à la ferme de la Pêcherie, non loin du chemin des Dames, comme tête de pont. La mission dévolue aux troupes défendant cette tête de pont est de durer et de tenir sur place jusqu’à la reprise de l’offensive.

De Gaulle rejoint le front à Pontavert le 18 octobre 1914 et y reste pratiquement toute la guerre. Il ne sera jamais blessé à Pontavert. Il organise la défense de la Pêcherie en supervisant le creusement de tranchées dans le bois Marteau situé entre la Pêcherie et les troupes allemandes.

De Gaulle et Pétain se retrouvent à Verdun où va se jouer un épisode de l’éternel mensonge tant décrié par le Général.
Le maréchal Joffre nomme Pétain à la tête de la région de Verdun le 24 février 1916 et il commande la place pendant un peu moins de 2 mois. Il est remplacé par le général Nivelle que l’on considère aujourd’hui comme le vainqueur de Verdun alors que la propagande de l’époque attribue cette victoire à Pétain.
De Gaulle est blessé et fait prisonnier à la bataille de Verdun le 2 mars 1916 alors que la Vérité de l’époque considère qu’il est tué en plein combat. Son colonel rédige une requête pour que lui soit décerné la Légion d’honneur et Pétain signe une superbe éloge funèbre.

Il est troublant de lire les documents officiels de l’armée relatifs à ces événements car ils contiennent de nombreuses manipulations.

Après cette rencontre au cours de la première guerre mondiale va débuter une longue lune de miel qui se termine peu avant la deuxième guerre mondiale.

Le jeune officier de Gaulle accompagne le maréchal à diverses commémorations et est affecté à son état-major. Pétain a pu constater les grandes qualités intellectuelles de De Gaulle à Arras et lui demande d’écrire des articles et même un livre consacré à l’histoire de l’armée française. Cet ouvrage sera une future pomme de discorde. En 1926, très content du travail de son protégé, il déclare lors d’un pèlerinage sur le champ de bataille de Verdun: «Je fais ce voyage avec l’officier le plus intelligent de l’armée française». Mais petit à petit les relations entre les deux hommes se dégradent. De Gaulle considère qu’il doit avoir le dernier mot puisqu’il écrit le livre et Pétain pense la même chose puisqu’il est son supérieur hiérarchique.

A partir de 1934 de Gaulle va bénéficier d’un nouveau protecteur, Paul Reynaud, qui est convaincu par l’analyse de De Gaulle sur les déficiences de l’armée grâce à la lecture de son ouvrage «Vers l’armée de métier». En septembre 1938 «La France et son armée» sort en librairie. C’est une version légèrement modifiée de l’ouvrage que Pétain avait demandé à De Gaulle. Le maréchal est furieux et déclare: «Je connais bien le colonel de Gaulle. C’est un ambitieux et un homme dépourvu d’éducation. J’ai largement inspiré son dernier livre. Il l’a rédigé sans me consulter». ( De Gaulle / Pétain par Herbert Lottman aux éditions Perrin) . Après des années de chamailleries, le divorce est prononcé.

En mai et juin 1940, la déroute de l’armée française est rapide et les dirigeants de l’époque vont devoir prendre des décisions capitales pour leur avenir.

Reynaud appelle deux grandes figures de la première guerre mondiale: le maréchal Pétain et le général Weygand pour remplacer Gamelin à la tête des armées françaises. Il espère ainsi créer un choc salutaire pour galvaniser les troupes et changer le cours des événements. Il comprend rapidement son erreur car Pétain est défaitiste et, lors du cabinet de guerre du 25 mai, Weygand, soutenu par Pétain, déclare qu’il faut demander un armistice ( Lottman, idem). C’est également ce 25 mai 1940 que le roi Léopold III annonce à son premier ministre Pierlot et à son ministre des affaires étrangères Paul Henri Spaak qu’il refuse de les accompagner pour poursuivre le combat en Grande Bretagne. Leur décision du 25 mai sera fatale pour les chefs d’État de la France et de la Belgique qui n’auront pas emprunté la bonne voie.

Aux mêmes moments tragiques pour la France de Gaulle se bat à la tête de son armée de chars et est victorieux à Montcornet. Auréolé par cet exploit, il est nommé sous secrétaire d’État à la défense nationale et s’oppose totalement à Pétain en voulant se retirer sur Bordeaux et poursuivre le combat avec l’empire français et les Britanniques.
La rupture est prononcée: Pétain condamne de Gaulle à la peine de mort après son discours du 18 juin.

Après la victoire, Pétain et le roi des Belges vont devoir rendre des comptes. En Belgique, ce sera la question royale qui se termine par l’abdication de Léopold III. En France, ce sera le procès Pétain qui se clôture par sa condamnation symbolique à mort. De Gaulle est opposé à son exécution. Il donne l’ordre d’interner Pétain sur l’île d’Yeu.

L’île d’Yeu, appelée île Dieu avant la Révolution française, voit ainsi s’éteindre le maréchal Pétain qui avait défié le Général de Gaulle et les espoirs de la Royauté belge rappelant ainsi au Monde entier que la France et les Français n’apprécient pas ceux qui se prennent pour Jupiter ou pour Dieu.

Nous conclurons avec Otto de Habsbourg qui écrit dans son ouvrage «Europe: champ de bataille ou grande puissance» «Nous sommes près du but. Il nous manque, toutefois, l’assurance du succès définitif. La Providence attend ceux qui doivent fournir le peu qui manque à son œuvre»

 

J-M Bruneel

La Bruyère
14 février 2020

L’auteur de l’article est né à Nivelles le 25 mai 1955 et y a vécu jusqu’à son mariage rue du Paradis avec sa mère Marie et son père. On l’appelait Vivi. Enfant il allait chez son oncle Pierre à Oignies où séjourne son cousin et se rendait à Fumay notamment le 14 juillet. Il s’est marié à Hargnies où son père bâtit une maison et passa sa nuit de noce au Jeanne d’Arc à Haybes. Il empruntait avec son père pratiquement la même voie que celle du général pour venir depuis Charleroi et passait la frontière à Mazée. Son grand-père, appelé Pêche, travaillait à Pontavert à la ferme de la Pêcherie où son père naquit en 1922.Tous ces hasards, et des centaines d’autres, motivent l’auteur à poursuivre sa voie sur le chemin de la vérité pour faire régner la divine paix.

Otto de Habsbourg était président du Comité international pour le français langue européenne

 

Février 2020