La construction européenne : des noms pour l'histoire

Konrad Adenauer restaure l’estime de l’Allemagne

« Au coeur du problème et au centre du continent, il y a l'Allemagne.C'est son destin que rien ne peut être bâti sans elle »

Mémoires d'espoir

Suite aux deux guerres mondiales qui ont été les plus meurtrières de tous les conflits de l’Histoire, l’Allemagne a retrouvé une respectabilité au sein du concert des nations.

Cette réhabilitation a été permise grâce à sa réconciliation avec la France et à son investissement exemplaire dans le processus de construction européenne. Témoignage de cette nouvelle virginité de l’Allemagne, le partenariat franc et courageux de Gerhard Schröder avec Jacques Chirac dans sa croisade pour la Paix au Proche-Orient.

Cette nouvelle estime n’a été permise que grâce à l’intervention de dirigeants épris de paix et de liberté. Parmi ceux-ci : Konrad Adenauer.

Sa rencontre avec le Général de Gaulle se produit dès 1945 quand ce dernier déclare à Sarrebruck :

« Il faut que Français et Allemands tirent un trait sur le passé, travaillent ensemble et se rappellent qu’ils sont Européens. »

Cette déclaration va inspirer l’action d’Adenauer comme il le confesse dans ses mémoires : « Ces paroles me remplissaient d’un grand espoir pour mon pays et la réalisation de mon rêve : les Etats-Unis d’Europe. »

Konrad Adenauer fait rapidement une analyse très pertinente de la nouvelle situation en Europe : la menace soviétique et la nécessité de construire une Europe unie selon la méthode communautaire chère à Jean Monnet : l’intégration économique. En attestent les extraits de cette lettre du 31 octobre 1945 envoyée à M. Wertz, premier bourgmestre à Duisburg :

« La Russie se soustrait de plus en plus à toute collaboration avec les autres grandes puissances et gouverne comme bon lui semble dans les régions qu’elle domine, où l’on peut constater que les conditions économiques aussi bien que politiques sont déjà tout à fait différentes de celles qui existent sur le reste du continent. La division en Europe de l’Est et de l’Ouest est ainsi devenue une réalité …
Le désir de sécurité, si fortement exprimé par les Français et les Belges, ne peut être satisfait de manière durable et réelle que par l’interpénétration des économies ouest-allemande, française, belge, luxembourgeoise et hollandaise. Si l’Angleterre se décidait à participer à cette intégration, un très grand pas serait fait vers le but ultime si souhaitable : l’ union des Etats d’Europe occidentale.
»

Le chancelier accueillera avec enthousiasme, le mardi 9 mai 1950, l’envoyé du ministre français des affaires étrangères, Robert Schuman, qui lui proposait le plan de la CECA.

Quelques jours plus tard, le mardi 23 mai 1950, Konrad Adenauer rencontre Jean Monnet

« Il était l’organisateur économique et le moteur de toute l’entreprise. Monnet est un grand organisateur, un homme de paix et un négociateur dont la manière gagne les sympathies. Je suis par la suite resté lié d’amitié avec lui. »

L’Histoire réunira le Général de Gaulle et Konrad Adenauer . Cette rencontre sera le prélude de toutes les rencontres entre les Présidents français et les Chanceliers allemands. Apothéose de ces rencontres, le discours et la cordiale accolade entre la France et l’Allemagne, ce mois de Juin 2004 sur les plages de Normandie. Que c’est beau la construction européenne !

Jean-Marie BRUNEEL
Le Rassemblement pour l’Europe
La Bruyère

Juillet 2004